J’aurais dû agir différemment avec Amélie MAURESMO

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A ce jour, Amélie MAURESMO a le meilleur palmarès du tennis français : 2 titres en Grand Chelem, 1 Masters, n°1 mondiale, 1 victoire en Fed Cup. De plus l’image donnée tout au long de sa carrière reste un exemple. Je voudrais revenir sur un moment de son parcours que je connais bien, celui ou elle rentre en Tennis Etudes à Blois.

A ce propos, je pense que la décision d’intégrer Amélie MAURESMO à 11 ans dans la section Tennis Etudes Nationale de Blois n’était pas une bonne décision.

J’étais à l’époque le responsable du Tennis Etudes, j’aurais donc pu m’opposer à cette décision et proposer d’autres solutions mais je ne l’ai pas fait.

Pourquoi ?

Parce que même si à l’époque j’avais mes Brevets d’Etat Tennis 1er et 2ème degré, même si j’étais professeur d’Education Physique et Sportive, même si j’étais encore classé à –2/6 et que j’étais responsable du Tennis Etudes depuis 3 ans, j’étais surtout un jeune entraîneur et je manquais d’expérience dans la formation des jeunes et principalement dans celle des jeunes filles.

J’ai compris quelques années plus tard et je le pense encore aujourd’hui que le déracinement familial à un jeune âge est la DERNIERE des solutions à envisager pour répondre à des besoins d’entraînement et de compétition.

Quelle était la situation d’Amélie à l’époque ?

A 11 ans, Amélie faisait partie des meilleures françaises dans sa catégorie d’âge. Son Conseiller Technique Régional et la fédération voulaient qu’elle intègre un Tennis Etudes National. Elle habitait en Picardie et le plus proche était implanté à Blois soit un éloignement important et des déplacements longs et complexes.

Sa maman ne travaillait pas et l’accompagnait à ses entraînements depuis ses débuts dans le tennis. Je pense donc qu’à la place d’une intégration en Tennis Etudes à Blois, il aurait été facile de mettre en place une solution « mixte ».

Il n’aurait pas été très compliqué d’organiser ses entraînements dans sa région et sa ligue de Picardie. Elle aurait pu venir régulièrement faire dans l’année des stages de plusieurs jours à Blois. Et enfin, compte tenu de son niveau, elle aurait pu faire une très grande partie de son programme de compétitions en étant intégrée très régulièrement avec les autres filles du Tennis Etudes. J’aurais pu ainsi assurer son suivi en compétitions, son coaching en tournois et travailler en « bînome » avec la ligue de Picardie et son entraîneur. Cette organisation se serait révélée à mon sens une bien meilleure solution.

Mais je n’ai pas fait cette proposition, ni à elle et ses parents, ni à son CTR, ni au DTN et c’est là mon erreur.

D’un point de vue plus général, plusieurs « écoles » s’opposent sur ce sujet. Certains pensent qu’un éloignement du domicile familial peut endurcir le ou la joueuse et lui permettre ainsi plus tard de devenir plus fort(e). D’autres pensent que la présence familiale « au quotidien » est un élément indispensable dans l’équilibre et la construction affective et psychologique d’un enfant.

Pour ma part, le départ jeune dans une structure d’entraînement éloignée du domicile des parents doit être une décision mûrement réfléchie. Cela même si l’enfant à l’habitude de cet éloignement lors de stages ou de compétitions et le vit très bien car il sait qu’au retour il retrouvera sa famille et pourra ainsi « se ressourcer ».

Pour moi, la seule raison qui justifierait ce choix d’éloignement serait justement de ne pas avoir le choix. Or, en France, des structures de qualité avec un encadrement technique compétent ont été mis en place par la Fédération et existent au niveau des ligues, des départements ou des clubs.

Cela permet justement à nos jeunes joueuses et joueurs français d’avoir le choix…